DE HENRI III. [i585]                            293
dévaliser et massacrer, court bonne part de Picardie, tue et pille gentilshommes et roturiers, prêtres, moi­nes, etc., sans épargner les églises; faisant autant de maux que les plus échauffés huguenots dans les trou­bles precedens n'avoient fait. Aussi est-ce à faire à des badaux à croire que telles gens ayent aucune religion.
En ce temps encore', lejeune Montrassin, proche pa­rent du duc d'Ëspernon, que le Roy ct lui aussi avoient envoyé, avec soldats et argent, pour renforcer la vilfe et château de Metz, s'alla rendre au duc de Guise.
En ce mois de may, le Roy composa avec tous les tresoriers et financiers de France, leur donnant l'abo­lition de tous Ies vols qu'ils lui avoient faits, moyen­nant la somme de deux cent mil écus pour le principal, et de quarante mil pour les frais de justice; pour les­quelles sommes payer tous ceux qui avoient manié peu ou prou les finances du Roy, tant innocens que cou­pables, furent par tête cottisés, à la charge de mieux dérober qu'auparavant, et donner courage à ceux qui avoient été fidèles au Roy de faire comme les autres, y ayant plus d'acquêt à être larron qu'homme de bien.
En ce temps, Miron (0, premier médecin du Roy, est employé pour accord avec les Guisards, et va sou-. vent à Espernay pour cet effet. Sur quoy :
Imploravit opera medici pax argra, Deifue Deseruit; morbos mox habitura tçravv
Le 20 juin, après plusieurs débats, fut arrêté à Es­pernay l'accord (a) entre le Roy et ceux de la maison de
(-) Miron : On l'employa parce qu'il n'etoit point désagréable aux Guises : tout autre leur auroit été suspect. — (-) L'accord : Ce sont les articles arrétés entre la reine Catherine de Médicis au nom du
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